2013 // 2012
// 2011
// 2010 // 2009 // 2-08
// 1-08 // 2-07 // 1-07
// COMP'ACT 06
Donc il nous faut subir ça, un
attentat barbare, une tuerie ciblée de journalistes libres (l'un au
moins appelé
par son nom avant d'être exécuté), et ce après avoir dû
subir des semaines durant la mise en valeur médiatique de discours
régressifs et réactionnaires d'une bande d'auteurs qui ont plus à
voir entre eux qu'il n'y parait.
Prenons-non en un, peut-être plus
essayiste que romancier, qui a certes le droit d'écrire ce qu'il
veut.
Mais pourquoi a-t-il été autant promu
par toute la presse, faisant les unes répétées de tous les médias,
journaux, émissions, télés permanentes, comme jamais cela n'avait
été fait pour un livre de fiction si c'en est un, à la limite de
la saturation et de l’écoeurement?
En tout cas, jusqu’à cet assassinat
de journalistes satiriques (12 personnes au moins dont deux
policiers), par ce qu'il faut appeler deux pauvres types, sans qu'on
sache s'il peut y avoir le moindre rapport entre ce livre publié à
grands renforts de promotion le même jour que cette tuerie (7/1/2015).
Depuis, les médias semblent avoir
lâché le livre en question pour s'en tenir à des éditions
spéciales couvrant sans fin l'événement grâce le plus souvent à
des commentaires d'experts et surtout d'anciens experts.
Mais pourquoi donc ont-ils tellement
promu avant sa sortie « ce livre dont on vous parle depuis
plusieurs jours », si ce n'est parce qu'il renvoyait à quelque
chose d'assez abject dont il était pressenti qu'il intéresserait a
priori un grand nombre de gens.
Car hélas il y a dans les têtes de
beaucoup de gens tous les clichés de base qu'il faudrait combattre
plutôt
que conforter comme cela se fait couramment dans le but de cartonner.
Il reste la lumière d'une réaction
formidable de sursaut des personnes manifestants hier, dans les villes
de
France et d'ailleurs, brandissant l'intelligence, la liberté et la
démocratie en opposition à ces horreurs.
Cet artiste n’avait pas de
collectionneur américain. Et pourquoi cet artiste bien qu'américain
n'en avait-il pas, alors qu'il avait des collectionneurs en Europe où
il vivait ? Eh bien, une femme ayant vécu 16 ans à Los
Angeles pouvait le dire, c'est que les Américains n’aiment pas
beaucoup la critique. Or le travail de cet artiste était assez
critique envers la société américaine...
A transposer autant que cela peut-être
transposé, ici.
Car, ce qui ne passe pas à Paris, ce n'est pas la
critique de la société qui d'une certaine façon est bien vue. Non,
c'est la critique de cette critique quasi
institutionnelle, bien-pensante et convenue, qui en plus a le culot de
se présenter comme subversive !
La grande aventure des temps modernes,
c'est celle de l'individu. Pas au sens individualiste comme on
l'entend partout, mais à celui de l'individuation.
C'est une perspective inouïe. Que
chacun et tous aient accès à la nourriture, au logement, aux
toilettes etc. Et à la santé, à l’éducation, au savoir...
Et au développement personnel. Ce qui
est une tache d'une autre ampleur que les précédents objectifs.
Le développement personnel, pour tous les Terriens, pas au
sens de l’égoïsme, mais à celui du développement de
l’individuation est une aventure sans fin, à peu prés comparable
à l'aventure spatiale. Sans fin également, semble-t-il !
Est-ce que j'aimais me donner une
contrainte dans l'écrit ? Non, je n'étais pas sûr d'aimer ça.
Pas plus celle de la versification que celle que s'imposent les
écrivains de l'Oulipo que je respecte bien entendu.
Longtemps je n'ai pas su pourquoi.
Maintenant je sais que c'est parce que
j'en ai des contraintes, ainsi je n'ai pas besoin de m'en donner, ni
la necessité de m'en inventer.
J'ai celle d'avoir à me séparer d'un
écrit classique, oui de devoir me débarrasser de la langue
académique existante qui m’empêche de parler de mon temp.
J'ai la contrainte d'inventer une
langue qui me permette d'écrire ce que je veux.
Et, encore, je dois faire face à celle
d'un mental à désinscrire...
Sans vouloir prendre le contre-pied de
ce que dit Modiano, il me fournit un bon exemple de déclarations
fortes dont on pourrait retourner le propos.
Il dit : « J’ai
l’impression qu’aujourd’hui la mémoire est beaucoup moins sûre
d’elle-même et qu’elle doit lutter sans cesse contre l’amnésie
et contre l’oubli ».
Pourtant jamais la mémoire n'a été
aussi forte et, en réalité, présente comme jamais malgré
l'accroissement constant d'infos nouvelles.
Il dit : « Moi, j'écris à
la main et je m'en veux. ... l'ordinateur, c'est trop rapide, ça me
donnerait le vertige. Et ça retirerait l'aspect physique de
l'écriture dont j'ai besoin ».
Taper sur un clavier implique un aspect
physique tout aussi évident, même s'il est différent, et sans
doute supérieur puisqu’il mobilise les deux mains, sans compter
l'utilisation de la souris...
Pour qu'un livre se vende beaucoup, il
faut déjà qu'il soit gros et épais, avec un titre visible de loin
s'il n'est pas racoleur. Bien sûr il faut aussi qu'il soit très soutenu
par son éditeur en accord avec la chaine de diffusion, d’accord en
effet sur un process de vente.
Il faut surtout qu'il soit présent
dans les grandes surfaces de librairie achalandé en grosses piles,
de préférence sous la forme d'un tas de bois. Le mieux étant le
stère ( 1x1x1m ) qui donne une impression de force, d'aisance, ne
risquant pas de manquer, et même de confort, car la forme du stère
de bois quand il s'agit de livres donne envie de s'y assoir.
On peut en rire mais d'après une étude
récente la présentation en stère est un gage de réussite
internationale d'un livre !
Pour la première fois on peut mesurer
scientifiquement la pollution à Paris, grâce au ballon
du parc André-Citroën, qui est équipé d’un appareil laser capable
de mesurer en continu les nanoparticules présentes dans
l’air.
Réaction de la presse aux données
fournies : La pollution à Paris c'est pire qu'avant. Avec, pour en
rajouter, une image jetée à la pâture des émotions : le
13 décembre 2013, les rues de Paris étaient aussi
polluées qu’une pièce de 20 mètres carrés occupée par huit
fumeurs...
Quelle a été la première ville
polluée en France ? Strasbourg. En réalité, première ville à
s'être équipée de capteurs pour mesurer la pollution.
N'empêche que les particules fines il
y en a trop, provenant du diesel, de l'industrie et aussi du
chauffage au bois. Ce dernier existait évidemment davantage il y a
longtemps. Conclusion : les gens du passé étaient sous
pollution sans le savoir.
Ce qui change notre vision du monde, c'est la connaissance de plus
en plus précise qu'on en a et que l'on n'avait pas « avant »,
mais que cependant on présume avoir eu.
Du coup on enregistre la précision contemporaine comme plus
inquiétante que celle que l'on n'avait pas.
Il se trouve que nombre de connaissances d'aujourdhui datent de
moins de dix ans, parfois de quelques années, parfois elles sont
carrément contemporaines.
Ce mouvement vers la précision va se poursuivre, voire
s'accélérer, il faudra s'y faire : comprendre mieux sans en
être forcément effrayé.
Cl revient de l'expo sur le Marquis de
Sade au Musée d’Orsay, elle m'en parle. Puis je lui raconte que Gv
l'autre soir a parlé de mon livre L’Insatisfaction d'une
façon qui m'a vraiment touché. Je lui dis juste avoir été étonné
qu'elle le qualifie de très sexuel, tandis que Ct et Ar ont lâché que
ça les gênait ou bien ne les intéressait
pas.
On ne se rend pas toujours compte de ce
qu'on écrit, j'ai concédé, d'ailleurs « ça fait peur
parfois » comme disait MD.
Elle s’insurge : « comment
tu ne ne te rendais pas compte, mais quand tu en as lu des passages
devant nous la première fois, c'était très sexuel, non ? »
Bon, oui, ce n'est pas la première
fois qu'un livre l'est, en l'occurrence puisqu'il parle du désir
sexuel.
Il se sourient, se regardent,
se voient, se touchent un peu.
S'éloignent, puis reviennent vers l'autre. Ils échangent de leur
peau ou de leurs pores, ils rient de leurs mains, disent des mots
pour dire. Des bribes de mots, parfois dans une langue ou une autre. Un
échange de corps sans se
toucher beaucoup. Un échange d'assez peu de marques extérieures, du
moins discrètes, mais de grand effet intérieur. Un échange d'approche
pas
racontable...
Il est pas d’heure, le jour d'hiver se levant, les mouvements se
font plus lents. Ils marchent à pas de chat dans cet appartement qui
sent le vin et le tabac. Ils se cherchent toujours, ou bien cherchent
où ils vont dormir ensemble.
A un moment ils s'étaient installés sur mon lit. A trois. Il n'y
avait pas de place pour moi. L'un m’aurait bien envoyé dormir avec
celle qui d’épuisement s'était allongée sur un canapé à une
place. Je pose sur cette dernière qui dort déjà profondément, je pose
avec délicatesse une couverture dite polaire et l'embrasse de
tendresses.
Je me serais bien glissé près d'elle mais il n'y a pas la place
à son côté. Je pourrais m’allonger d'autre part sur ce canapé
de coin et mettre ma tête près de la sienne mais je n'ai pas assez
de longueur pour mes jambes...
Il n'y avait plus de place pour moi ou bien il manquait une
personne au moins.
Des métaphores au contact de la
réalité.
A propos d’un procès de militants
islamistes en Egypte, il est dit qu'il devrait permettre de « lever le
voile sur leurs activités. »
A propos d'un déjeuner entre hommes
politiques, sujet d'une polémique, on dit d'untel qui ne veut pas en
être la victime : « Il n'a pas du tout envie de payer
l'addition ! »
A propos d'une mission spatiale, ils
disent « c'est un travail d'experts de plusieurs décades, pas
quelque chose qui est tombé du ciel ! »
Ils avaient tous fait plus ou moins une carrière
dans leur domaine respectif. Tel devenu directeur de radio, après
avoir exercé divers postes de conseiller, l'autre reconnu par le
milieu littéraire avait publié plus de trente livres, une autre
avait obtenu le Grand prix des livres et sortait un livre chaque
automne. Untel était devenu premier de son rang, et même la légion
d'honneur lui avait été décerné. Dans l'excès, X avait gravi
tous les échelons existants dans sa catégorie et Y était devenu
grand capitaine d'industrie, habitant un chateau avec force
domestiques. Cette amie, journaliste modeste, était devenue
rédactrice en chef d'un magazine grand public...
-Et toi ?
-J'avais continué. Je me rends
compte que je n'avais fait que continuer.
Ma carrière n'était pas sociale,
elle était mentale.. Ce que je faisais, c'était une carrière
mentale. À une longue carrière d'imbécile, j'avais progressivement
substitué une carrière de progression mentale qui n'avait pas de
fin prévisible.
A l'homme de science qui me dit
« alors, on ne se quitte plus », parce qu'on s'étaient
croisés la veille, je réponds « en général, lorsqu’on se
voit une fois, on se croise à nouveau deux ou trois fois de suite et
puis après, on peut ne plus se voir pendant un an ou
deux ! »
Oui, il l'avait remarqué aussi.
Mais quoi en dire de plus ? Car
c'est un vrai problème scientifique, pas seulement une question de
statistiques !
Un jeune homme de 29 ans obtient le
prix de l'académie française. Il écrit une langue de formation,
dite classique, entre journalisme et dissertation d'agrégation. Une
écriture qui n'a pas beaucoup d'importance sur un sujet un peu
nostalgique, why not ?
A mes débuts d'écriture on aurait eu
honte d'avoir ce prix-là. A tort ou à raison, on considérait que
les prix étaient ringards.
Les gens sont docilement impressionnés
par ce prix. Ils croient que la langue de l'académie c'est la
meilleure langue qui soit.
Ce qui me déplait parfois avec le
numérique, c'est quand la machine me fait des histoires, même si
c'est possiblement à cause de moi.
Par exemple, voilà qu'elle se bloque,
patine, ne démarre pas ou pire se plante alors que je suis vraiment
déterminé à écrire, immédiatement.
Parfois simplement je la trouve
étrangère à ma démarche d'écriture. Quoi ? il me semble
qu'elle me complique la tâche pour écrire.
Parfois, en attendant qu'elle se
remette, qu'un nettoyage du disque se fasse ou bien qu'elle
redémarre, je passe au papier.
Souvent, je rencontre la même
difficulté ou plutôt une difficulté similaire. Un désaccord de
rythme entre la pensée et sa traduction scripturale. Une gêne à
traduire ma pensée en écrit, ce qui pourtant est ça "écrire".
J’étais bien installé dans un café
au travail hier en fin de matinée. J’avais trouvé l’emplacement
qui me convenait. Ni trop exposé au monde ni trop caché.
Des fois, plus il y a de bruit et mieux
je travaille. A la demie, je prévoyais d’aller jusqu’à l'heure
que j’apercevais sur l’indicateur d'infos.
Mais soudain le soleil est apparu,
jetant ses rayons en plein sur l'ordinateur. Or ça ne va pas avec le
soleil les écrans ou pas très bien.
J'ai changé de côté de la
table, ce que je pouvais faire puisque je n'avais pas d'interlocuteur
assis devant moi.
J'ai pu travailler encore quelques
minutes, pas longtemps. Implacable, le soleil m'a rejoint aussi de
l'autre côté, la terre tourne si vite !
"Enfin une série de
nouvelles d'Aimé :
14 octobre 1915. Carte à iconographie
religieuse, intitulée LE BONJOUR DU POILU, un
soldat se trouve dans une tranchée alors qu'une mère et son fils
apparaissent au-dessus de lui.
Message pré-imprimé : TANDIS
QUE TOUT PRÈS LES BALLES FONT RAGE, TON SOUVENIR ME REND LE COURAGE.
Ma chère petite femme chérie,
Console-toi sur mon sort maintenant
car je suis beaucoup plus tranquille que je ne l'étais voilà
quinze jours..."
("Petit
homme chéri" 1914-1918 page 67)
Je ne suis pas un grand lecteur de
Patrick Modiano, Prix Nobel 2014, cependant je sais qu'il a inventé une
langue: son écriture fait qu'on lit davantage que ce qu'il y
parait. Or c'est ça la littérature.
(Ce n’était pas forcément le cas,
sauf erreur de ma part, du précédent écrivain français nobelisé.)
Je ne me sens pas proche de l'homme
Modiano ni de ses thématiques, mais il me fait beaucoup rire
quand je l'entends parler. Sans pour autant me moquer de sa quasi
incapacité
à terminer une phrase, car c'est la marque de quelqu'un qui invente
une langue, construit la phrase qui correspond à la pensée.
Son œuvre c'est de la littérature
d’écrivain, mais il n'est pas sûr que ce soit la raison de cette
distinction. Plutot liée à la référence historique de ses livres.
Dans les rares créations en français
de noms figurant sur les boutiques dans nos rues, on trouve ce
« Boutique éphémère » que je trouve assez joli, sans me
prononcer sur le
fond du commerce.
Hélas, dans une rue voisine, j’aperçois
au-dessus de ce « Boutique éphémère » un « Outlet
store » certainement peu compréhensible par la plupart des
passants que pourtant la traduction "dépôt d'usine" (outlet) aurait
davantage éclairé !
Le ringard député, il dit « Madame
le président » et ne veut pas en démordre. Parce que « Madame
la présidente », c'est selon lui la femme du
président.
Combat de logiques, l'une ancienne et
obsolète, l'autre contemporaine et active.
En général, les
lecteures/trices femmes
aiment plus L'Insatisfaction que les hommes. Ou alors les
hommes l'aiment moins que les femmes...
Les femmes sont plus
touchées par le livre que les hommes. Ou alors les hommes le sont
moins en apparence.
Ce qui est sûr c'est que
les « au-fond-machos » ne l'aiment pas du tout.
Et puis L'Insatisfaction ne
serait pas jugé assez « bien » pour ce prix, ou plutôt
serait jugé « pas comme il faut ».
Car, l'entreprise de
littérature, en un premier temps, c'est jamais « bien ».
Ce n'est pas ce qu'il aurait fallu faire. C'est trop, ou pas assez,
en tout cas pas comme cela aurait dû être écrit. Il aurait fallu
que ça apparaisse plus naturel, il aurait fallu traiter autrement le
sujet, il aurait fallu tenir davantage la langue...
Dire aussi que le roman est « chaud »
d'aborder les choses du désir, et qu'il l'est tout autant de se situer
au plus près du front de l'époque.
« Ce serait plutôt de la
littérature savante », me suggère S. ?
Non parce qu'il pourrait être lu par
beaucoup. En effet le livre emporte le lecteur dans la lecture
d’une traite pour certains.
Mais oui, si on considère qu'il se
place à un niveau d’observation singulier, qu'il y a du mental qui
se formule, de la lucidité injectée, des codes prenant la place
d'autres, une analyse dans le récit même.
Surtout,
L'Insatisfaction n'est pas écrit en langue courante
journalistique, il n'est pas écrit dans la langue habituelle du
récit, mais dans une langue écrite en correpodance à l'oral
d’aujourd’hui.
C'est cette écriture, en particulier
celle de nombreux dialogues, qui construit le roman. Et pas le contaire!
Pourquoi ne parle-t-on pas de
L’Insatisfaction sur la radio Europe 1, alors qu'on parle du
livre de A., me demande Nicolas T. ?
D'abord le livre ne leur a pas été
envoyé parce qu'il n'est pas assez « grand public ». Il
est vrai que c'est un roman sorti de nulle part, qui ne ressemble à
rien, et qui donc peut dérouter.
Il aborde un sujet anguleux dont on ne
parle généralement pas, même s'il concerne tout le monde.
Il n'est pas consensuel, car il ne
reprend pas comme évidence un corpus de croyances et de clichés. Et
il laisse souvent passer des discours contre-intuitifs. De plus il
n'est pas réaliste bien que parlant du réel.
« Tu sais, ce n'est pas un roman
pour le prix du livre France Inter », j’avais dit à C. Elle
en avait eu l'air surprise. Pourquoi ?
Sans doute parce que je ne fais pas une
littérature culturelle, celle dans laquelle on se retrouve dès les
premières lignes. Pas une littérature référentielle qui renvoie à
quelque chose qu'on connait déjà...
Rencontrant une amie, pas vue depuis
des mois, je dois subir sa relation de bagarres qu'elle a eues avec une
autre femme, pourtant éduquée tout comme elle. Son récit est
hoquetant, parsemé de manque d'infos, révélant une grande
confusion intérieure. En fait elle ne parvient pas à formuler un exposé
factuel.
Après m'avoir parlé pendant
trois quarts d'heure, malgré mes tentatives pour détourner son
attention, elle me dit espérer que je n’allais pas être perturbé
par ces histoires...
Non sûrement pas, pourquoi devrais-je
l'être ? Elle le savait que je vole au dessus de ça. Tant de
choses m’intéressent que je m'impose de ne pas être occupé par ce
"genre d'occupation".
En fait je le serais, perturbé, en
raison de l’impact de ces bagarres sur son état mental qui respirait
en l'occurrence tout ce que je n’aime pas...
J'en ai été atteint au point de
devoir passer par une petite séquence de sommeil pour me remettre.
Au réveil, je voyais que les réserves qu'elle avait exprimées sur mon
livre en fin de rencontre venait de
ça. De son mental tordu qui ne s'y retrouvait pas, ni dans le mental
que j’écrivais, encore moins dans celui que je n'écrivais pas !
Comme dit l'ancien président Clinton,
les titres d’actualités du monde d’aujourd’hui sont
réellement mauvais, mais les tendances à terme sont plutôt bonnes.
L’extrême pauvreté diminue tandis
que la santé s’améliore de par le monde. A quoi on pourrait
ajouter l'éducation, jamais autant massivement développée, et le
nombre croissant de musées ou bien de connexions à internet ainsi que
celui des
individus qui y sont connectés.
Et si les "droits de l'homme et
l'Etat de droit sont attaqués" partout dans le monde, selon le
secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, cela signifie qu'ils sont
reconnus plus ou moins partout, ce qui est une chose nouvelle dans
l’histoire des humains...
L'Insatisfaction est le roman d'une voix féminine adressée, confidentielle, personnelle... Il emporte le lecteur dans une traversée mentale et sexuelle de l'intérieur du couple. Pour dire ce qui généralement ne se dit pas. Pour traduire ce qui est dans la tête et ne se formule pas toujours, pas encore.
Il peut toujours y aller
l'autre, avec ses 640 pages sur Dieu, Jesus-Christ et les croyances
historiques, il a de la matière facile à disposition. Il aurait
même pu en écrire 64000 pages au moins.
Moi je travaille sur ce que
crois être le présent, il y a aussi de quoi en écrire, la matière
parait d'ailleurs infinie plus on avance.
Mais ce présent est
globalement informulé, ou alors il se formule dans une langue qui n'en
rend pas
compte. C'est donc un travail à petits pas.
Surement que depuis longtemps je
voulais écrire une voix féminine.
Parce que je n'ai jamais eu de goût
pour le machisme des hommes, déconsidéré à mes yeux par le
comportement de mon père qui n'était pas de ce type d'hommes.
Sans doute aussi parce que j'ai
toujours mal vécu la domination dont les femmes étaient l'objet.
Domination que je percevais à travers la révolte de ma mère, sans
je sache d'ailleurs qu'elle développait ainsi une manière d'être
féministe.
L'Insatisfaction raconte les
tribulations d'une vie commune d'un point de vue féminin. C'est le
roman d'une voix féminine adressée de façon confidentielle,
personnelle, privée... ( livre.fnac.com
)
Hommage
à Yann Andréa :
« Un
autre jour je lui dirai à André, qui s'inquiétait à son tour
d'être seul, de n'être rien, de quoi encore ? Je lui dirai :
Tu as l'air d'aller bien, ça va, toi tu es un acteur de la vie, de
quoi se plaindre ? »...
(La
Fiction d'Emmedée p. 125)
On a beau être royal et souverain dans
son nid d'aigle, on attend les réactions à lecture du livre. Et
s'il y en a, il n'y en a jamais assez, ni d'assez convaincantes...
Pas réussi ces jours-ci à écrire sur l'autoédition qui pourrait
bien devenir une tendance plus décisive que la mode de
l'autofiction, sans l'exclure. D'ailleurs, l'autoédition a toujours
existé autant pour les plus grands que pour les gens qui sont en
place dans l'édition depuis des décades...
Impossible d’expliciter davantage le projet de
L'Insatisfaction -écrire une voix féminine- qu'en fait
j'avais en tête sans le savoir depuis longtemps. Juste dire que ça
a avoir avec le fait que la libération des femmes a été une
libération des hommes, pour moi et selon moi en tout cas...
Alors quand j'ai pas de nouvelles ou
moins, je descends dans la rue, marcher, croiser des connaissances,
des ami.e.s ? Un.e.s lecteur.e.s.
Oui, je croise Elizabeth Z. J'ai
beaucoup aimé, me dit-elle / Déjà, vous l'avez déjà lu? / Oui vs
savez je suis une lectrice, moi... j'ai beaucoup aimé, et j'ai
beaucoup aimé l'escapade de la fin à Tam... c'est un fantasme
récurrent de fuite... / Oui j'y suis allé, je rétorque
comme si pour une fois j'avais besoin de m'appuyer sur un élément de
réalité
dont je me passe pourtant aisément.
Je rentre pour extraire de petits
passages, que je vais poster sur ma page FB...
Geneviève Fraisse,
philosophe amie,
m'envoie une information sur son livre « Les excès du
genre »,
à paraitre fin aout (éditions lignes). Elle y est présentée comme
« chercheuse ».
Ce féminin me pose problème, sans
doute parce que je défends la généralisation de la règle du e
féminin et du non e masculin (tout comme je prône celle du s et non
s pour le pluriel et le singulier).
Les noms
anciennement féminisés ont tous des connotations plus moins
machistes, ce sont souvent des noms donnés quand les femmes étaient
ultra minoritaires dans la fonction : doctoresse, maitresse et
même productrice, traductrice.
Je reconnais cependant
qu'il peut y avoir une difficulté à féminiser certains mots comme
écrivain ou médecin.
En revanche la pratique du
e féminin pour les noms en eur se répand de plus en plus. Donc
une chercheure et producteure, une docteure, ingénieure, auteure,
narrateure, chauffeure, entraineure, traducteure, reporteure etc...
A quand l'enseignement du
code
informatique ? Il se trouve que plusieurs pays en assurent
l'apprentissage à l'école primaire mais pas la France. Le
gouvernement envisage donc de combler ce que la presse appelle le
retard français.
Pourquoi ? Parce que Les élèves
doivent savoir que les équipements informatiques utilisent une
information codée... et ils doivent pouvoir réaliser eux-mêmes de
petites applications utilisant des algorithmes simples
(Gouvernement).
Ils
doivent ? Pour l’instant, c'est « ils devraient »,
parce que qu'il faudrait d’abord former des enseignants qui sont
plus ou moins rétifs au numérique.
Pourquoi encore ? Parce
que ce serait la meilleure façon de développer une vision non
mystique des algorithmes par exemple.
Mardi 17 juin à 19h, à L'Arbre à
Lettres du 14 rue Boulard à Paris 14e, première présentation
publique de mon nouveau roman L'Insatisfaction
(BoD). Olivier
Renaud de l'Arbre à Lettres Denfert m'accueille
pour la 4ème fois dans sa librairie, ce dont je le remercie.
J'y
lirai quelques extraits, raconterai plusieurs anecdotes sur le livre,
ou / et sur l’édition du livre, m’expliquerai peut-être sur le
titre autant que sur mon projet d’écrire ce roman, me tenant au
front de notre époque, utilisant la nouvelle orthographe (que je
pousse un peu au-delà des rectifications de 1990) et expérimentant
une écriture écrite qui corresponde à langue que nous parlons
aujourd'hui.
Mais je ne raconterai pas l’histoire du
livre !
Je passe. Voici une carte illustrée
d'une photo d'un MONUMENT AUX MORTS DE LA GUERRE 1870-71...
Cruelle dérision de l’histoire,
impossible conscience de ce grand-père ! Il n'imaginait
sûrement pas en envoyant cette carte que tant d'autres monuments aux
morts seraient construits après la guerre à laquelle il
participait, et aussi pour une autre guerre dont il ne pouvait pas
concevoir la possibilité.
("Petit homme chéri"
1914-1918 page 54)
Dialogues d'Alvigna :
« Faut pas mettre la charrue avant les boeufs », lui jette en
l'accostant au bout de sa rue un militant solidariste d'extrême.
Alvigna le regarde et regarde autour de lui.
« Vous avez vu des boeufs ici, vous? Vous voyez des charrues là, il lui
demande ? »
«...»
« Non, vous n'en voyez pas ? Alors, changer votre langage vous y
verrez surement plus clair ! »
Mauvais slogans :
« Tout va mal, c'est pas normal ! » s'écrie le chef du front de gauche.
« On entre en France comme dans un moulin », déclame la cheffe du front
de droite (il est pourtant devenu très difficile d'entrer dans les
moulins d'aujourdhui).
Au moment de
choisir un titre pour Les Voyageurs modèles,
celui qui me
revenait avec insistance était "Lâcheté antimoderne". Une
amie, Pauline Dezert, trouvait avec raison que c'était trop. En fait
le titre exact aurait été son inverse : " Le courage
d'être moderne ".
En effet,
aujourdhui encore plus, il en faut du courage pour exprimer des
opinions qui ne soient pas antimodernes, par exemple mettre en valeur
ce qui va ou va mieux dans le monde. Tandis qu'il n'y a pas besoin de
courage pour asséner à longueure de temp que « l'on fonce droit
dans
le mur », en listant toutes les catastrophes
possibles à venir, jusqu'à en être déprimés et déprimants
comme par exemple les animateurs des petits matins de la radio
culturelle.
Outre que ces
intervenants sont souvent victimes de groupes de pression qui ont
besoin d’exagérer les problèmes pour se faire entendre ou/et
pour obtenir des subsides publics, il faut reconnaitre qu'il est plus
facile de faire passer auprès des publics ce qui s'accorde aux
croyances les plus répandues.
D'autant que
l'écoute majoritaire est portée vers ce qui était et ne sera plus.
L'événement majeur du moment dans le
petit monde intellectuel français, c'est donc l'élection à
l’académie française d'un philosophe anti-moderne, comme le
qualifie la presse. Ce n'est pas étonnant de la part d'une
compagnie dont les membres ne sont vraiment pas modernes, à part
quelques-uns comme Michel Serres, et dont on devrait poser la
question de sa
légitimité.
La presse dit de Alain Finkielkraut qu'il est
essayiste et amateur de football, et aussi « fou de médias sous
toutes leurs
formes - sauf la plus récente, Internet ».
On ne dit pas qu'il est selon ses
propres termes « un handicapé informatique », c'est a
dire qu'il ne connait rien du numérique. Cela ne l’empêche
pas d'en tirer des conséquences extérieures, par
exemple souligner que « l'iPhone 5 a détrôné le iPhone 4 »
pour dénoncer la vitesse de notre époque, ce qu'il n'écrirait pas
s' il pianotait d'habitude sur un téléphone intelligent.
Ou encore qualifier de toxicomanie la
pratique d’internet, et le décrire tel"un asile pour les
images, les photos, les conversations volées", "une
poubelle de toutes les informations".
Certains le trouvent courageux bien qu'en
désaccord avec lui, notamment dans ses assertions qui le rapprochent
de l’extrême droite ou dans son soutien renouvelé à un certains
Camus (qui n'est pas Albert mais l'ex auteur-phare de l'éditeur P.O.L).
J’affirme ici que développer une
rhétorique
anti-moderne n'est pas de l'ordre du courage, surtout en cette période
dite de crise.
Non, le courage aujourdhui, c'est
d'être moderne et de développer envers et contre tous les
populismes et les conservatismes, un discours moderne privilégiant
de ce temp, par exemple ce qui est le plus déterminant, bien sûr la
transition
numérique !
Ce vendredi à 20h au Palais
de Tokyo, je présente une lecture des « Entretiens avec
Marguerite Duras » réalisés en 1980 pour France Culture.
L'idée s'était imposée à moi début 2013 d'organiser une nouvelle
lecture de ces Entretiens précisément le jour de « ses 100
ans ».
Idée renforcée par l’enthousiasme
éprouvé pour la salle 37 dont on dit qu'elle avait été
redécouverte lors de la destruction d'un mur.
Cela me plaisait bien sûr de rendre
hommage à Marguerite Duras, de participer moi aussi à toutes ces
manifestations organisées pour son centenaire. Je me réjouis
d’ailleurs beaucoup que tant d’événements lui soient consacrés,
je me réjouis aussi qu'elle soit tellement jouée et lue en ce
moment, en vérité jamais autant.
Car cela fait oublier combien elle avait
été snobée autant pas ses pairs que par les critiques. Savoir qu'à
une époque elle n'avait pas d'article de presse ou très peu, au
point d'écrire elle pour présenter ses livres (Emily L. dans le
Nouvel Observateur). Ou bien des articles très sévères,
« cruels »
peut-on dire avec le recul. Je pense à un critique d'un grand
journal, aujourdhui disparu, pourtant lié d’amitié avec elle qui,
dans de rares papiers, écrivait longuement sur ce qu'il appelait ses
tics d’écriture. Au fond sur ce qu'il ne voyait pas ou n'acceptait
pas, c'est à dire l'écriture magnifique de Duras.
En fait cela me plait tout simplement
de fêter ses 100 ans. De fêter Marguerite le jour même de sa
naissance un 4 avril 1914, ce 4 avril 2014.
-Le Salon du livre ?
-Non, je n'y suis pas allé, en fait
je n'aurais pas vraiment su où me mettre. Enfin, c'est une façon de
parler, par embarras du choix si tu veux.
-Dur pour les auteurs ?
-Pour les écrivains, oui...
-Ah oui ?
-Le bruit qui y est insupportable !
C'est un des endroits les plus bruyants que je connaisse. D'ailleurs
assez curieux, parce qu'en général on associe la lecture au
silence...
Le salon du livre, qu'il faudrait plutôt nommer le salon
des éditeurs,
devient en fait de plus en plus le salon des lecteurs si l'on considère
l'accroissement régulier du nombre de
visiteurs.
Ce public grandissant correspond d’ailleurs à l'accroissement du
nombre de lecteurs, même si chaque lecteur lit moins de livres que
les gros lecteurs d’il y a un siècle, en réalité de moins en
moins (en moyenne).
Ce public massif est cependant devenu le marché cible des éditeurs
qui, en s'orientant vers ses goûts supposés nostalgiques,
conservateurs, rétifs au numérique, délaissent peu à peu les
lecteurs de littérature.
Ainsi, si le salon du livre n'est pas vraiment le salon de la
littérature, il est le salon des livres devenus le support d'une
activité culturelle parmi les autres.
Hélas, pas au premier rang, comme l’illustre l'ordre de
présentation de la "Page culture" du journal Le
Monde.fr : Cinéma, Musiques,
Scènes, Arts, Architecture,
Livres, TV.
La fête à la langue française!
Eh bien alors qu'on parle et écrive un
français vivant, une langue inventive, enjouée et pas nostalgique
comme c'est trop souvent le cas.
Qu'on ne recourt pas aux vieilles
formules par facilité, qu'on crée de nouvelles expressions, qu'on
invente des formes.
Qu'on trouve de solutions pour ce qui
gêne dans la communication internationale, comme les c cédilles ou
les accents la plupart du temps intempestifs.
Qu'on se libère de règles vraiment
trop anachroniques et inadaptées. Qu'on privilégie davantage la
logique contemporaine plus que la logique étymologique.
Que dans les grammaires on cite des
exemples issus de la vie contemporaine...
Bref que l'on continue
le français !
Une illustration défavorable à l'image
du numérique. La
scène se passe après un apéro en famille, les grands enfants et
leur amis se lancent dans la consultation de leur smartphone, les
voilà tous tête baissée chacun sur leur engin, le silence gagne le
lieu.
La mère soudain, avec une certaine panique, s'exclame :
« mais
qu'est-ce que vous faites » ?
Je crois devoir me justifier : je
répondais à un message que je viens de recevoir.
Oui mais je saisis aussi la vision de
la mère qui s'est sentie dans la solitude extérieure d'être
parfaitement exclue de la partie qu'elle croit commune, alors que
chacun faisait sa recherche seul...
Bon, cela peut arriver également si les
gens lisent ou dorment. Ou bien parlent une langue que l'on ne
comprend pas.
En feuilletant les
pages qui suivent j'aperçois les premières
lettres de guerre d'Aimé à sa « petite femme chérie ».
Mon émotion se double d'une sorte de tristesse rageuse.
C'est la guerre de 1914, déclenchée
le 1er août . Celle qu'on
nommera plus tard la grande guerre, que pour l'instant on préfère
appeler la dernière […]
Celle qu'on désignera après l'autre
guerre à venir, la première
guerre mondiale. Parce que premier conflit à avoir couvert plus de
la moitié de la Terre. En tout cas si l'on intègre les populations
d'Afrique et d'Asie mêles à ce confit européen à leur corps
défendant...
("Petit homme chéri" 1914-1918
page 34)
Une petite erreur technique de ma part a rendu mon site
invisible,
deux jours durant, ma fenêtre sur le monde fermée à double
persienne !
Ce qui a accru ma déprime provoquée par la politique russe de
la force, les envois d'hommes armés, la pratique des pressions
physiques, la manipulation de l'info etc.
A quoi s'est ajouté la lecture d'enquêtes sur les viols (plus actes de
tortures) de femmes
de la rébellion par le régime syrien et ses alliés. Et aussi sur
la technique du même régime, dite du siège, visant à affamer des
populations tout en les bombardant par avion de matériaux explosifs.
Des pratiques remontant à des périodes d'épouvante, normalement
éradiquées de tous les textes en vigueur.
Heureusement il y a l'Europe, ce sont des moments pour le dire, en
rempart contre les guerres et les atteintes aux droits des personnes.
Certes elle ne parvient pas toujours à les contenir brillamment mais
elle continue cependant de tracer son rôle de prémonition
du monde à venir !
Dans les livres de français, par
exemple des collèges en cette année 2014, ce sont souvent de vieux
mots qui illustrent les règles de grammaire. Ainsi pour les mots
polysémiques, l'exemple proposé est « fléau »,
dont le premier sens est un outil agricole depuis bien longtemps
supplanté par des machines batteuses qui ne peuvent plus être
qualifiées de fléau, sauf par le touriste qui les croise sur les
routes de campagne.
Du coup le mot fléau, synonyme de
calamité, n'est plus guère polysémique !
On peut supposer que les nouveaux et
futurs manuels en édition électronique permettront, par des mises à
jour régulières, de proposer des mots plus actuels pour illustrer la
science grammairienne.
Dans la vie de ma famille il
y a eu comme un étirement, en tout cas j'en ai toujours eu le
sentiment. Une sorte d'allongement anormal du temps. D'abord mon père
était plus âgé que ma mère, ensuite je suis né le dernier avec
une grande différence d’âge me séparant de mon frère aîné.
D'un autre côté, mon grand-père s'était marié plutôt tard, bien
qu'il ait eu aussitôt l'enfant qui deviendrait mon père. Au final,
ce grand-père était presque un arrière pour moi, donc je l'ai peu
connu, c'est à dire seulement dans ma courte enfance.
Pourtant il est la seule piste, lui
justement […]
En 1909, Aimé C. est soldat.
Voici
une carte adressée à ses parents, manifestement écrite dans la
précipitation : « A demain, mille baisers. »
Au verso, photo de la caserne où il
se trouve.
Un de ces nombreux bâtiments en forme de carré,
aujourdhui réhabilités pour la plupart, par exemple en centres
culturels, s'ils n'ont pas été détruits...
("Petit homme chéri" 1914-1918
page 16)
« On ne lâchera pas » est
un cri vraiment inquiétant quand il est déclamé par tous les bords
de la sphère politique. Ce n'est pas loin du « on se battra
jusqu’au bout ».
En sport, cela se termine en général
par la victoire des uns sur les autres, normalement en tout
fair-play.
Dans la tragédie classique, dont on
est jamais complètement sorti, la règle est celle du jusqu’au
dernier guerrier.
Tandis qu'en géopolitique moderne
(étant entendu que l’époque moderne à commencé il y a au moins
trois siècles), ça se termine par la destruction d'un
pays, et de sa population...
Je recherche cette phrase qui m'est venue à la pensée
tandis que je passais devant l'une des boucheries du bout de ma rue
dont j'observe souvent sur les étals l'installation de morceaux parfois
entiers d'animaux les plus divers. Et qui a disparu de ma tête avant
même que je m'installe au café avoisinant où je pensais l'écrire.
Peut-être je l'ai rêvée, me suis-je dit une fois commandée la
consommation. Tout comme il m'arrive la nuit d'écrire mais hélas de ne
rien retrouver en mémoire le lendemain.
C'est une curieuse impression de perte dont je sais cependant qu'elle
ne saurait être définitive. A un moment la phrase me revient au détour
de l'écriture d'une autre phrase. Le plus souvent au détour d'une rue,
où à l'occasion je l’intégre dans mon téléphone intelligent. Alors,
ainsi piégée, la phrase avec d'autres ne sera plus perdue. Si toutefois
je n'oublie pas de revenir la chercher dans ces notes du téléphone.
L'épée de Damoclès. Ici que le bât blesse. Ne pas ouvrir la boite de Pandore. Et puis c'est la croix et la bannière... Vous avez connu ça vous, la croix et la bannière ? Non la bannière, je connais pas !
Dans un journal gratuit datant des vacances dernières, je lis que des gens viennent d'être libérés de prison après y avoir passé 17 années. Du coup je me dis : Et moi qu'est-ce que j'ai fait durant ces années-là ?
…M’étant
lancé à dépouiller
méthodiquement l’album, j’ai entrevu un monde d’enfance de mes
ancêtres bien différent de celui des quelques grandes personnes que
j’avais connues petit.[...]
Ainsi me suis-je mis à voyager à
travers ces lignes d’écriture avec l’ambition de comprendre
leurs vies et même d’imaginer ce qu’elles auraient été s’il
n’y avait pas eu la guerre de 1914-18. Et s’il n’y avait pas eu
l’épidémie de grippe espagnole qui suivra.
Et aussi s’il y avait eu ceci ou cela
d’inimaginable qui cependant aurait pu avoir lieu…
("Petit homme chéri" 1914-1918 page 11,12)
On l'a passé, le cap de l'année
nouvelle, dit-il fièrement à son voisin. Il répète: oui, une
fois de plus on l'a passé, alors que l'autre répond « un de
moins !»
-Ah vous dites ça, vous ?
-Oui, un de moins, en tout cas c'est
fait
-Vous savez, on croit qu'il y a une
césure, pas du tout, rien a changé
-Sauf peut-être l'inversion des pôles
magnétiques du soleil qui vient de s’achever à mi temps du cycle
solaire de 22 ans, les aurores boréales et australes devraient être
plus fréquentes cette année...
Croisé la Weine, fâchée avec moi
pour une mauvaise raison depuis deux décades au moins. Lui ai fait
un signe de main répété, comme si je l'avais fait à l'un des
personnages de mes romans que j'aurais rencontré par pure absurdité
dans une rue et non dans son livre.
A quoi elle a répondu par un sourire
complice, du fait que je devais avoir l'air en effet d'être en
voyage dans mes livres, alors que je remontais à pas rapide la rue,
non pas des Martys mais celle de la Gaité.
Il a fallu que j'aille à Lisbonne pour
découvrir que Pessoa signifie personne !
Et en effet Fernando Pessoa a été
personne toute sa vie ou presque, en tout cas pour la société de
son époque, à part pour quelques éclairés ou proches qui voyaient bien
qu'il était une personne.
Ecrivain sans livre de son vivant,
pratiquement, n'ayant publié qu'un livre l'année d'avant sa mort
(1935) outre des textes ou poèmes dans des revues anglaises et
portugaises dont la sienne.
Donc un écrivain pas écrivain pour
ses contemporains, mais en même temp une vraie personne sans doute
parmi les plus porteurs d'individualité de son temp.
Désormais si
reconnu en particulier par L'intranquillité
(livro do desassossego)
publié en 1982 :
« Levo comigo a consciencia da derrota
como um pendao de vitoria »!
Georgia trouvait qu'il y avait beaucoup d'eye contacts à
Paris. Elle en était toute étonnée, quoi ? elle aimait bien
que les gens se regardent dans la rue, sans gêne et pas plus que ça.
Georgia était géorgienne, ce qui pourrait expliquer qu'elle en ait
été frappée, son pays restant marqué par des traditions excluant
de se regarder dans les yeux. En tout cas pour les femmes, les
inférieurs, et même les hommes entre eux au risque de provoquer des
bagarres.
C'était aussi la première fois qu'elle venait à Paris. Elle a
parlé de « eye contacts » parce qu'elle ne parlait pas
français, langue dans laquelle on dirait « échanges de
regard » ?
Est-ce que le « eye contact » est également développé
dans les grandes métropoles internationales ? Oui, à New York
ou à Londres, certainement. Encore que Georgia se rendait assez
souvent à Londres pour son travail de banquière.
Peut-être qu'une certaine mode s'était développée à Paris,
progressivement devenue typique à cette ville ? Tout comme
s'était imposée le fait de se regarder dans les yeux en levant les
verres avant de boire.
« Qu'était-ce cette nouvelle manie de se regarder en
trinquant, avant on ne faisait pas cela », avait martelé un
défenseur de « ce qui était », de fait opposant
à la nouveauté, sans qu'il en puisse rien.
Moi j'y vois un sursaut dans les mœurs, des individus en tant
qu'individus se regardent facilement en se croisant dans la rue ou
ailleurs, au contraire des sociétés autoritaires et pénitentiaires
où l'on se mate de côté en baissant les yeux.
Les humains peuvent se payer le luxe d'échanger des regards,
éventuellement avec le sourire en plus !
Certains disent : c'est important
pour un écrivain de garder le sens du réel.
Et pour cela, ils vont donner des cours
en prison et/ou entreprennent des ateliers d'écriture dans les
collèges. Ce qui est respectable par ailleurs.
Que disait sur le réel, l'auteur
d'Impressions d'Afrique,
Raymond Roussel ?
« Ne pas laisser entrer le
réel », il aurait écrit ?
Ce qui voudrait dire, selon moi, ne pas
laisser passer ce qu'on appelle le réel, le plus souvent réduit à
la tapisserie des clichés !
Car le réel pour beaucoup est fait de
croyances qui à l'analyse sont fausses ou bien se trouvent être les
données d'un réel antérieur.
Curieusement, alors que je prônerais
plutôt de s'éloigner du réel de sorte de produire d'autres
réalités, on me reproche parfois une forme de réalisme que je
mêlerais à une écriture un peu déjantée, why not ?
Pourquoi pas, déjantée, l'écriture,
si c'est un moyen de sortir du réalisme, même si je ne suis guère
passionné par les métaphores
automobiles ?
Pourquoi pas y aller en effet?
A la
terrasse du R, il restait une table, une seule à l'abri de la pluie.
Ça que j'avais repéré et, aussi, tout de suite vu qu'à la table voisine
se
trouvait la belle philosophe, en compagnie d'une amie. Je me suis
assis à côté de cette dernière dont je ne pouvais voir le visage
tandis que, sans trop en avoir l'air, je visualisais facilement celui
de la belle philosophe qui s'animait fébrilement dans la conversation...
Quand
elle sont parties, j'ai levé la tête pour les regarder.
Très
précisément, j'ai adressé un sourire à son amie, passée
devant moi en premier, puis j'ai souri à la belle philosophe quand
elle est passée à son tour devant ma table.
Elle a
eu l'air un peu surprise, m'envoyant cependant une esquisse de
sourire.
Les
deux filles se sont quittées devant la terrasse, s'enlaçant d'un
chaleureux au revoir.
La belle philosophe qui se
dressait sur ses jambes pour atteindre le cou de l'autre, beaucoup
plus grande, s'est retournée un
instant pour me regarder tout
en restant contre
son amie.
Ainsi
avons-nous échangé un regard qui était un « eye contact »,
avant qu'elle s'éloigne, disparaissant sur un rythme de marche souple,
à
peine dan